Cher John,

La fibrillation auriculaire est une arythmie très courante. Les causes ne sont pas toujours identifiables, en dehors de situations particulières comme l’hyperthyroïdie, mais cette arythmie est certainement favorisée par l’avancée en âge et par d’autres affections cliniques courantes comme l’hypertension artérielle, le diabète, la présence de maladies cardiaques. Le fait qu’après un épisode prolongé de fibrillation auriculaire, celui-ci ait régressé après l’introduction du traitement est une bonne nouvelle. Cependant, cela n’exclut pas que l’arythmie puisse se reproduire dans le futur, même si pas nécessairement à court terme. S’il existe une prédisposition à la fibrillation auriculaire, il existe un risque qu’elle se répète au fil des années, même en plusieurs épisodes, qui peuvent être extrêmement variables d’un patient à l’autre (d’annuels à quotidiens).

La thérapie de cette arythmie repose essentiellement sur deux piliers. L’une est constituée par la prise en charge des médicaments anti-arythmiques (dans son cas l’amiodarone 200 mg) qui ont pour but de prévenir de nouveaux épisodes d’arythmie ; l’autre est la nécessité de prendre des anticoagulants (Lxiana 60 mg) qui protègent contre le risque accru de phénomènes thromboemboliques lors de la fibrillation auriculaire, c’est-à-dire la possibilité que des caillots (thrombus) se forment à l’intérieur du cœur, qui ne se contracte pas correctement en raison de l’arythmie, qui peuvent éventuellement « migrer » (c’est-à-dire s’emboliser) dans d’autres districts artériels du corps, créant une ischémie et des dommages conséquents. Le plus redoutable d’entre eux est un AVC ischémique dû précisément à une thromboembolie cardiaque. La fibrillation étant désormais résolutive (et stable au suivi à trois mois), la nécessité de poursuivre l’anticoagulant oral doit être soigneusement évaluée avec votre cardiologue, car le risque thromboembolique varie d’un patient à l’autre et doit être estimé avec l’utilisation de paramètres de « scores », qui ont été standardisés à la suite d’études cliniques à grande échelle. Les principaux facteurs de risque sont l’âge (>65 ans), l’hypertension, le diabète, la présence d’une maladie vasculaire ou cardiaque, le sexe féminin ou la survenue dans le passé d’autres phénomènes ischémiques cérébraux (AIT/AVC). Dans les cas douteux, une autre caractéristique qui est prise en considération est les symptômes d’arythmie du patient. Si l’anticoagulant est arrêté, et que l’épisode est à nouveau perçu, le patient pourra reprendre l’anticoagulant plus tôt. Sinon, s’il est asymptomatique, il risquerait de ne pas prendre le traitement en présence d’une fibrillation de longue durée, sous-estimant éventuellement la situation pendant de nombreux mois jusqu’au prochain contrôle ambulatoire ou avec un ECG révélant la présence de l’arythmie.

En ce qui concerne la poursuite du traitement anti-arythmique, celle-ci doit également être évaluée au cas par cas. Considérant que l’amiodarone est un médicament d’excellente efficacité mais grevé d’effets secondaires extra-cardiaques non négligeables (principalement interférence avec l’activité de la thyroïde), il pourrait être opportun, sinon de l’arrêter totalement, d’évaluer s’il faut passer à un antiarythmique avec une meilleure tolérance à long terme. Ces antiarythmiques alternatifs (principalement ceux de classe 1C), sont de toute façon soumis à diverses contre-indications, raison pour laquelle ils doivent être exclus avant de pouvoir procéder à leur prescribabilité.

La thérapie restante pour l’hypertension et l’urologie pour l’hypertrophie prostatique n’interfèrent pas de manière significative, il n’y a donc pas de risque de cocktail.

Cordialement,

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