La réponse du Dr Massimo Mapelli

Cher Monsieur Armando,

chaque fois que je vois un patient à la clinique lors d’une visite cardiologique, je m’assure, entre autres, qu’il a bien compris les thérapies pharmacologiques qu’il doit suivre. Souvent, compte tenu des polythérapies poussées que nos patients sont obligés de suivre pour maintenir une certaine stabilité clinique et/ou prévenir des accidents potentiellement mortels comme les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux, je me retrouve à compiler une véritable table de multiplication. Chaque ligne correspond à un médicament dont, case par case, le principe actif (ex. acide acétylsalicylique), un exemple de nom commercial (ex. cardioaspirine), le dosage en milligrammes (100 mg) et le temps d’administration sont reportés (12 o ‘horloge). Le cas échéant, dans un dernier encadré, sont même données des indications précises relatives à la prise du médicament, comme par exemple la nécessité ou non de le prendre avec de la nourriture. Dans le cas de la cardioaspirine, à préciser, mieux avant les repas, contrairement au cliché du « après manger » dénué de toute preuve scientifique.

Comment précis, hein? Pourtant, je n’ai jamais rien vu de tel par rapport à l’une des thérapies les plus puissantes dont nous disposons pour guérir (ou prévenir !) les maladies cardio-cérébro-vasculaires : l’exercice physique. Gélules, comprimés, suppositoires, sirops, ampoules, houppettes… contiennent des substances chimiques irremplaçables de précision et d’efficacité produites dans des laboratoires hautement spécialisés, conditionnées, distribuées et vendues par de grandes sociétés pharmaceutiques accompagnées d’une notice (la fameuse « notice » à ne pas ne jamais chercher à contenir l’anxiété des effets secondaires). L’exercice physique, en revanche, une aide gratuite, praticable partout et accessible à la quasi-totalité de nos patients, est souvent oubliée par les médecins ou, au contraire, prescrite d’une tape métaphorique dans le dos au patient (ou à sa femme) accompagné de une phrase comme « … et bougez un peu, s’il vous plaît ».

Difficile donc de donner un conseil général valable pour tout le monde. Divers facteurs, dont le degré d’entraînement physique antérieur ou la présence éventuelle de pathologies concomitantes, peuvent influencer la charge de travail suggérée. L’âge chronologique, bien qu’il soit corrélé à une diminution physiologique des performances de l’organisme, n’est pas en soi un facteur suffisant pour suggérer une économie d’activité physique, à condition qu’elle soit commencée, poursuivie (puis augmentée) progressivement.

Il existe également un moyen encore plus précis d’étudier la capacité d’exercice du sujet et de proposer par conséquent une charge de travail adéquate et entraînante. Avec un simple test d’effort cardio-pulmonaire, en effet, nous sommes en mesure de déterminer un moment connu sous le nom de « seuil anaérobie » au cours duquel notre corps passe du métabolisme aérobie au métabolisme anaérobie. Il s’agit d’un trajet avec une charge incrémentielle dans laquelle les gaz expirés à travers un masque sont enregistrés simultanément – en plus de la pression et de l’électrocardiogramme. Cette étude de la ventilation, au repos et à l’effort, fournit des éléments très importants à des fins diagnostiques, pronostiques et thérapeutiques, capables de guider une prescription correcte d’exercice physique complétée par une suggestion de fréquence cardiaque.

Il ne vous reste plus qu’à vous mettre en selle.

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