La réponse du Dr Pablo Werba

Chère Madame Elvira,

votre question est très importante et la réponse n’est pas simple. Tout d’abord je voudrais démystifier l’effet « anti-âge » des statines dont vous parliez. Nous souhaitons tous ne pas vieillir ou du moins le faire plus lentement, mais ce n’est pas possible. Une alimentation saine, une activité physique régulière, l’absence d’exposition à des agents toxiques (alcool, fumée, drogues), le maintien d’un cerveau actif et des relations sociales positives sont les meilleures recettes pour un vieillissement normal et non accéléré. Certains médicaments peuvent nous aider à mieux vieillir, en meilleure santé, à réduire le risque d’être touchés par des maladies potentiellement mortelles ou invalidantes telles qu’un accident vasculaire cérébral ou un infarctus du myocarde, et c’est uniquement de cette manière que les statines peuvent être considérées comme « anti-âge ». En fait, je ne sais pas s’il existe des données scientifiques suffisamment solides démontrant des effets constants des statines sur de nombreuses autres manifestations du vieillissement telles que, par exemple, le déclin cognitif, l’involution musculaire ou les rides de la peau. Concernant les mécanismes d’action des statines, une longue liste de mécanismes potentiellement positifs peut être dressée (j’ajoute ceux antiprolifératifs, antioxydants, antiplaquettaires, etc.), mais aucun ne justifie pour lui-même une utilisation clinique. En revanche, il n’est pas encore possible de prédire chez quelles personnes les statines peuvent provoquer des effets indésirables (myalgies, augmentation des transaminases hépatiques, diabète, alopécie, irritabilité ou insomnie, etc.) et par conséquent, on pense que le bénéfice induit par ces les médicaments destinés à réduire le risque de problèmes cardiovasculaires de nature athéroscléreuse l’emportent sur le risque d’effets indésirables et les médicaments uniquement chez les personnes qui, au départ, ont une estimation du risque cardiovasculaire modéré à élevé. Pour les personnes à faible risque, pour le dire en termes métaphoriques simples, la partie du trou est pire.

A lire également